Quelques principes pour mieux apprécier les passages bibliques difficiles à lire
Écrit par Subby Szterszky
« Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice. » (2 Timothée 3.16)
En tant que disciples de Jésus nous adhérons de tout cœur à cette vérité puisque nous tenons en haute estime sa Parole. Du moins en principe. Mais si nous sommes tout à fait honnêtes, nous devons admettre qu’il y a des passages des Écritures pour lesquels nous ne débordons pas d’enthousiasme lorsqu’ils font l’objet de notre plan de lecture quotidienne.
Ça peut être différent pour chacun, mais il y a quelques coupables qui font presque l’unanimité : les généalogies, les registres de recensement, les minutieuses instructions pour la construction du tabernacle, les mesures tout aussi minutieuses du temple dans la vision d’Ézéchiel, les plans d’arpentage de Josué pour le partage du pays de Canaan aux Israélites et le livre entier du Lévitique que plusieurs décrivent comme le livre de sabotage des plans de lecture biblique par excellence.
Nous sommes souvent tentés de passer par-dessus ces passages ou alors nous les lisons rapidement sans aucun intérêt pour pouvoir les cocher comme lus. Un peu comme si nous avalions une cuillerée spirituelle de sirop Buckley « Ça goûte mauvais, mais ça marche ! » en espérant en tirer un bienfait quelconque.
Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’aucune de ces approches n’est idéale. Que faire alors ? Comment pouvons-nous aborder de tels textes d’une manière qui honore leur auteur divin, et qui nous édifiera aussi et, oui, nous émerveillera même ? Voici quelques principes qui peuvent nous aider :
Les aborder dans la prière et l’humilité
Cela peut sembler évident, mais il est bon de se le rappeler régulièrement. Lorsque nous lisons les Écritures, peu importe le passage, il faut être pleinement conscient qu’il s’agit de la parole du Dieu Tout-Puissant, qui se révèle pour qui il est, qui nous sommes et le plan qu’il a pour nous, ainsi que pour toute sa création.
Il n’est pas un Dieu verbomoteur, qui en dit plus qu’il ne devrait en ajoutant des paroles inutiles pour rallonger les écrits. Il est notre Dieu, bon, sage et souverain qui a parlé intentionnellement et avec autorité divine.
Dans ce contexte, cela va de soi de lire la Parole de Dieu dans une attitude de prière, particulièrement pour les passages qui nous rendent perplexes ou nous laissent indifférents. Nous devons reconnaître nos limites, nos angles morts, nos préjugés personnels et culturels. Nous devons demander à notre Père céleste la grâce de les surmonter, le prier qu’il ouvre nos cœurs et nos pensées et qu’il se révèle à nous d’une manière que nous n’aurions jamais pu imaginer.
Être sensible au contexte et au genre littéraire
Alors que toutes les Écritures sont inspirées de Dieu, toutes ne sont pas simples à comprendre. Les Écritures elles-mêmes le mentionnent. En parlant des lettres de Paul, l’Apôtre Pierre écrit : « C’est ce qu’il fait dans toutes les lettres, où il parle de ces choses, dans lesquelles il y a des points difficiles à comprendre, dont les personnes ignorantes et mal affermies tordent le sens, comme celui des autres Écritures, pour leur propre ruine. » (2 Pierre 3.16)
De plus, les Écritures sont composées de différents genres littéraires. Elles parlent par différentes voix et contiennent diverses concentrations de vérités spirituelles. Personne ne pourrait prétendre, par exemple, que le livre d’Abdias a la même profondeur et la même portée d’enseignement messianique que celui de son collègue prophète, Ésaïe, et encore moins lorsque comparé à l’Évangile de Jean.
Les Écritures sont un riche banquet de saveurs distinctes bien que complémentaires, et non pas un smoothie bien homogène. Chacune de ces saveurs doit être appréciée pour ce qu’elle est. Poèmes, récits historiques, codes juridiques, lettres, généalogies, oracles prophétiques, littérature de la sagesse – chaque genre a son approche et sa raison d’être.
Dieu aurait pu choisir de se révéler à l’humanité par n’importe quel moyen, à n’importe quel moment de l’histoire. Il a choisi de le faire par divers auteurs humains vivant à l’époque de l’Ancien Monde méditerranéen, dont les influences culturelles et les styles littéraires sont souvent difficiles à comprendre pour les lecteurs modernes.
Ainsi, il incombe au lecteur de connaître les contextes historique, culturel, littéraire et canonique de ces anciens écrits. Pourquoi, par exemple, y a-t-il autant de répétitions et de formulations conventionnelles dans l’Ancien Testament ? Car ces textes ont été écrits pour être lus en public plutôt que pour soi-même, puisque la population de l’époque ne savait pas lire et n’avait pas accès aux manuscrits. La répétition les aidait à fixer l’idée dans leur mémoire.
Les lire dans une perspective holistique et incarnée
«Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu, » écrit l’apôtre Jean. « Et la Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père. » (Jean 1.1,14)
C’est l’un des grands mystères de la création. Dieu lui-même, la deuxième personne de la trinité, s’est fait homme et est entré dans notre réalité, assumant notre nature et nos limites, devenant pleinement humain tout en demeurant pleinement Dieu.
Nous devrions considérer les Écritures comme étant toutes aussi incarnées que lui. Dieu a dit exactement ce qu’il avait l’intention de dire, mais il l’a fait par l’entremise de divers auteurs humains qui ont écrit avec leurs propres voix, selon leurs propres perspectives, chacun s’adressant à un public spécifique à propos d’une situation particulière. Tout comme la Parole faite chair, les mots des Écritures sont ainsi totalement divins et pleinement humains.
L’incarnation démontre que Dieu se préoccupe de l’être humain dans tout ce qu’il est, corps, âme et esprit. Il nous a créés à son image en tant qu’êtres holistiques et nous rachète comme des êtres holistiques. Par conséquent, sa Parole, dans sa diversité, est conçue pour parler de manière holistique à tout ce que nous sommes et à tout ce que nous expérimentons : notre intellect, nos émotions, notre imagination et notre sens de l’ordre et de l’émerveillement.
S’attendre au mystère et à des merveilles
Bien que Dieu nous ait faits à son image, il est très différent de nous et bien supérieur à nous. « Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, » déclare-t-il par le biais du prophète Ésaïe, « autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées. » (Ésaïe 55.9)
Alors qu’à l’époque d’Ésaïe, il y a environ 2 700 ans, cette comparaison imagée était stupéfiante, il s’avère, à la lumière de tout ce que nous avons découvert sur l’immensité de l’univers depuis cette époque, que la métaphore du prophète sur la transcendance de Dieu était plutôt prudente.
Puisque les voies et les pensées de Dieu sont tellement au-dessus des nôtres, nous devrions nous attendre à ce que sa Parole reflète cette réalité. Nous devrions anticiper que certains passages des Écritures vont nous désorienter, nous mettre au défi ou vont dépasser notre entendement. Ces passages nous rappellent notre dépendance à Dieu et nous amènent à crier vers lui pour être éclairés par son Esprit.
En effet, si nous pouvions tout comprendre de Dieu et le conformer à nos standards humains, nous serions en train d’en faire une idole forgée de nos propres mains, et il ne s’agirait plus du Souverain Seigneur qui est au-dessus de tout. Pour paraphraser Tim Keller, « Si votre dieu ne vous met jamais au défi ou n’est jamais en désaccord avec vous, il se pourrait que vous adoriez, en fait, une version idéalisée de vous-même. »
Cependant, tout cela ne devrait pas nous exaspérer ou nous abattre. Au contraire, nous devrions aborder ces passages difficiles avec l’espérance de découvrir quelques mystères et merveilles de Dieu. Nous pouvons prier avec le psalmiste, « Ouvre mes yeux, pour que je contemple les merveilles de ta loi ! » (Psaume 119.18)
Y rechercher Dieu et l’Évangile
« Puis il leur dit : C’est là ce que je vous disais lorsque j’étais encore avec vous, qu’il fallait que s’accomplît tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes, et dans les psaumes. Alors il leur ouvrit l’esprit, afin qu’ils comprissent les Écritures. » (Luc 24.44-45)
Jésus a fait cette déclaration étonnante à ses disciples peu après la résurrection. Pour les Juifs, l’expression « La loi, les prophètes et les psaumes (ou écrits) » représentait les trois parties de leur assemblage des saintes Écritures. C’était une façon abrégée de nommer l’Ancien Testament dans son intégralité. En d’autres mots, Jésus proclamait que l’ensemble des Écritures parlaient de lui.
Cela ne signifie pas que chacun des passages et des mots des Écritures est à propos de Jésus directement et explicitement. Il y a bien sûr des prophéties messianiques sans équivoque dans Ésaïe, les Psaumes, et dans divers passages tout au long de l’Ancien Testament. Jésus n’incitait toutefois pas les lecteurs à creuser pour trouver des allégories spirituelles secrètes dans chacune des généalogies, dans les registres de recensement et dans les détails narratifs des récits historiques.
Jésus instruisait et exhortait plutôt ses disciples, afin qu’ils lisent la Parole à la lumière de l’Évangile. Les Écritures ne sont pas à propos de nous, mais de Dieu. Elles révèlent sa puissance, son caractère et ses desseins, en un mot, sa gloire. À travers de nombreuses voix et plusieurs actes, elles racontent la création, la chute, la rédemption et la restauration. À cette fin, elles convergent toutes, ne serait-ce qu’implicitement, vers le point central et culminant de ce récit, à savoir, Jésus-Christ crucifié, ressuscité et souverain.
Alors les premières questions à se poser en abordant n’importe quelle portion des Écritures, même celles qu’on apprécie moins, sont : Qu’est-ce que ce passage révèle à propos de Dieu ? Comment pointe-t-il vers son Fils ? Où se situe-t-il dans le récit complet des Écritures ? Comment me parle-t-il, pas seulement à mon intellect, mais à toutes les facultés reçues de Dieu – mes émotions, affections et imagination, mon sens de la beauté, de l’ordre et de l’émerveillement ?
Équipés pour le combat avec ces questions et rendus capables par le Saint-Esprit, nous pouvons nous attendre à ce que Dieu nous rencontre même dans les passages des Écritures qui nous mettent au défi et à ce qu’il se révèle dans toute sa magnificence, au-delà même de ce que nous pouvons anticiper.
Subby Szterszky est l’éditeur en chef de Focus – Foi et Culture, une lettre de nouvelles électroniques produite par Focus on the Family Canada.
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