Le chemin du rétablissement et la restauration des relations endommagées

Écrit par Dr. Gregory Jantz

Au cours de la plupart des thérapies spécialisées dans la dépendance, il arrive un moment où l’on fait intervenir le cercle de soutien de la personne dépendante. Ce cercle est généralement composé des membres de la famille immédiate, comme les conjoints, les parents ou les enfants, mais peut également inclure la famille élargie et les amis.

Le but de ces séances est d’aider le patient à réaliser qu’il n’est pas seul et que d’autres personnes sont disposées à l’aider sur le chemin de la guérison. Mais ces séances ne sont pas toujours faciles, car la dépendance endommage presque toujours les relations avec l’entourage. Même s’il s’agit de relations très fortes, elles ont souvent été abimées et il est nécessaire de reconnaître et de traiter ces blessures.

Sur le chemin de la guérison, il arrive souvent qu’une incompréhension s’installe entre la personne dépendante et les membres de sa famille ou de ses amis. La personne dépendante s’attend parfois à ce que le membre de la famille ou l’ami la soutienne sans soulever d’objections et sans mentionner les conséquences du passé. Elle peut avoir le sentiment que le rétablissement est synonyme de « page blanche » et que tout ce qui s’est passé dans le passé devrait rester dans le passé. La guérison étant encore récente et les émotions toujours vives, certaines personnes ont du mal à affronter le passé et se disent que pour avancer, elles doivent en faire abstraction.

Cependant, penser ainsi ne tient pas compte de la douleur que le proche a pu ressentir à cause de la dépendance. Bien que les dommages aient été faits dans le passé, la douleur est bien présente dans l’esprit et le cœur de la personne aimée, en particulier si elle n’a pas eu l’occasion de s’exprimer avant. Tant que la personne dépendante était sous emprise, elle était incapable de vraiment reconnaître la réalité de la douleur de l’autre personne.

Mais sur le chemin de la guérison, au fur et à mesure que l’esprit de la personne dépendante s’éclaircit, sa capacité à reconnaître la douleur des autres se rétablit. La relation peut alors évoluer et faire de la place aux sentiments et à la perspective de l’autre personne. Même si ces sentiments sont négatifs et mettent en lumière la frustration, la colère et le désespoir ressentis par cette personne.

Dans l’esprit des proches, la douleur qu’ils ressentent n’appartient pas seulement au passé ou au présent, mais demeure pour eux une possibilité pour l’avenir. En effet, le rétablissement de la dépendance est souvent cyclique et rarement un chemin tout droit. Il faut souvent plusieurs efforts pour parvenir à la guérison complète. Souvent, les proches ont déjà été témoins d’une guérison, mais ont vu la personne rechuter. Ils peuvent alors craindre que cette nouvelle tentative ne dure pas et que la dépendance ainsi que la douleur qu’elle engendre resurgissent.

Si la personne dépendante est dans une relation, le rétablissement doit par nature prendre en compte cette relation. Parce qu’une autre personne est impliquée, la personne dépendante ne peut pas être seule à dicter à quoi ressemblera la guérison. L’autre personne, qui a déjà été marginalisée par la dépendance, doit avoir la possibilité d’exprimer ce qu’elle a vécu, même si c’est extrêmement inconfortable pour la personne en rémission. Cette personne doit avoir son mot à dire sur le chemin à emprunter pour rétablir la relation.

Pourquoi rétablir les relations est-il si important sur le chemin de la guérison ? À la base, la dépendance est une relation. Et à certains égards, cette relation avec la dépendance devient même plus intime qu’avec d’autres personnes. Le mot « relation » est défini comme la manière dont deux ou plusieurs concepts, objets ou personnes sont connectés, ou comme le fait d’être connecté. Une personne dépendante a été intimement liée à la source de sa dépendance. Ce lien de dépendance déforme toutes les autres relations. Et les personnes de son entourage deviennent les victimes des dommages collatéraux.

L’une des vérités difficiles du rétablissement est qu’il peut mettre fin à la dépendance, mais que cela ne garantit pas la réparation des dégâts. La réalité des dommages doit être acceptée et intériorisée par la personne en rémission. Elle devra peut-être faire preuve de patience avec ses proches si leur propre chemin de guérison est plus lent.

Une fois le rétablissement bien enclenché, il est essentiel d’aborder les relations endommagées. Des relations solides sont la clé d’une vie saine et équilibrée. Comprendre les blessures et les dommages infligés aux relations importantes est nécessaire pour faire amende honorable et pouvoir réparer ces relations. Une communication honnête et remplie d’humilité qui laisse chacun s’exprimer, mettant tout sur la table, est essentielle pour permettre à chacun de se sentir entendu. C’est ainsi que tout le monde pourra avancer. Les proches sont alors capables de se remettre des blessures qui ont endurci les liens et de dépasser le mur que la dépendance a créé.

Votre famille et vos proches ont besoin de temps pour réapprendre à vous faire confiance. Soyez patient et constant. Il peut être difficile pour eux de concevoir qu’une courte période de thérapie puisse conduire à un changement significatif lorsque leurs tentatives pour vous aider ont plusieurs fois échoué dans le passé. La confiance se développera avec le temps, au fur et à mesure que la vie avance et qu’ils vous verront faire preuve d’honnêteté et d’intégrité de manière consistante.

Le Dr Gregory Jantz est le fondateur du centre The Center : A Place of HOPE situé à Edmonds, Washington. Expert de renommée mondiale sur les troubles de l’alimentation, la dépression, l’anxiété, la dépendance à la technologie et l’abus, il est l’auteur à succès de 37 livres.

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