Croire et vivre
Connaître la vérité pour mieux l’incarner.
Écrit par Jeremy Favreau
Sur quoi vos croyances se basent-elles ? Sur bien des sujets, beaucoup de gens se contentent d’adopter l’opinion publique, sans même prendre la peine de la passer au crible de leur jugement. La question mérite donc d’être posée : la vérité est-elle établie sur ce que croit le plus grand nombre ? En plus de l’opinion publique, c’est l’éducation familiale et l’expérience personnelle qui sont les facteurs qui influencent le plus les croyances des gens. Tous ces facteurs ne garantissent pourtant pas que l’avis ainsi formé soit une représentation exacte de la réalité. Or, bien des gens se basent sur ces mêmes critères pour analyser la religion et les croyances chrétiennes…
Cette manière d’approcher la foi chrétienne n’existe pas uniquement chez les non-croyants. En effet, pour certains chrétiens, le fondement de leur foi n’est pas plus solide que la qualité de leur expérience personnelle de celle-ci. Souvent, il ne faut rien de plus qu’un événement contrariant pour les faire chavirer. Cela est lié au fait que ces chrétiens ne connaissent pas les bases solides sur lesquelles leur foi est fondée. Ce manque de connaissance les empêche alors de voir combien ces croyances s’appliquent dans leur vie de tous les jours.
Qui détient l’autorité ?
La solution, alors, semble être tout simplement d’offrir plus d’information aux gens afin de les ancrer dans la vérité telle qu’elle est révélée dans la Bible. Mais bien que cette étape soit essentielle pour développer une vision chrétienne du monde, ce n’est pas par là qu’il nous faut commencer. Il faut commencer par se poser cette question fondamentale : Est-ce que je crois réellement que ce en quoi je crois est vraiment réel? Cette question est d’une rare importance pour chaque chrétien puisqu’elle n’implique pas seulement notre connaissance intellectuelle, mais la nature de notre engagement à Christ.
Si la vérité de la chrétienté n’est basée sur rien de plus que notre opinion de celle-ci, qui à son tour est basée sur notre expérience personnelle, cette vérité n’a aucune autorité intrinsèque et demeure relative par rapport à tous les autres courants de pensée qui nous sont proposés. Dans ce cas nous n’avons aucune responsabilité envers ce que la Bible nous révèle au sujet de Dieu et de la vie, et c’est au contraire à la foi chrétienne de nous prouver sa valeur puisque nous en sommes les juges ultimes. La foi chrétienne a alors autant de valeur que ce que je décide de lui accorder.
La culture relativiste actuelle cherche à mettre tout propos sur un même pied d’égalité, peu importe la justesse des arguments le supportant. Cela l’exclut comme philosophie capable de cerner la vérité objective et absolue. Mais nous ne pouvons pas simplement affirmer que nous avons la vérité sans démontrer un esprit impartial et critique. Pendant bien trop longtemps, les chrétiens ont été perçus comme des sujets du divin sans aucune capacité de réflexion au-delà de l’obéissance absolue aux injonctions de leurs dirigeants. Ce n’est pas ce à quoi nous sommes appelés. Dans le commandement le plus fondamental que Dieu n’ait jamais donné aux êtres humains, il est écrit qu’il faut aimer Dieu de tout notre cœur, âme et pensée—ce qui ne peut pas être fait si nous n’exerçons pas notre esprit critique!
Examinons donc les propos de Dieu dans la Bible avec discernement et n’ayons pas peur de mettre sur le tapis toutes les questions que nous pouvons avoir. La parole de Dieu est bien capable de relever ce défi. Exerçons notre jugement dans l’évaluation de notre foi, mais approchons-la selon sa propre définition : la vérité et non une vérité parmi tant d’autres.
Deux conséquences inévitables surviennent chez les chrétiens qui éveillent leur sens critique au service de la quête de la vérité absolue. Ces personnes deviennent à la fois plus sûres de leurs convictions et plus habiles dans leurs arguments, tout en devenant plus crédibles aux yeux des gens par leur rejet d’une foi inconsidérée pour une foi avertie. Mais ce choix engendre également une autre conséquence. Si nous croyons que la vérité révélée par Dieu à travers Jésus, et rapportée dans les Saintes Écritures, est vraiment réelle, nous ne pouvons pas la prendre à la légère. C’est elle qui nous scrute et qui nous éclaire et qui nous révèle le chemin de la vie. Dans cet ordre des choses, notre responsabilité n’est pas seulement d’en apprendre le plus possible sur la vérité afin de devenir des meilleurs apologistes. Notre responsabilité est aussi d’obéir à chaque mot afin de devenir des meilleurs disciples.
La transformation du cœur et de la pensée
Notre désir suprême doit être la ressemblance au Christ par le renouvellement de notre intelligence. C’est alors que nous saurons discerner ce qui est bien, agréable et parfait. (Rom. 12.1-2). Sinon, nous n’accomplirons rien de plus que de remplir nos têtes au lieu d’édifier nos familles et communautés.
Pour développer une vision chrétienne du monde, il faut croire que ce que nous croyons change vraiment les choses. Nos sociétés sont saturées d’opinions par rapport à mille et un sujets et peu sont ceux qui osent déclarer qu’ils possèdent la vérité. À l’opposé, les croyants déclarent que leur foi est basée sur la réalité, ce qui les place dans une catégorie à part. Nous croyons que ce que Dieu déclare par rapport au monde a le pouvoir de le changer en mieux. Quoi qu’il en soit, la meilleure stratégie n’est pas toujours de crier notre savoir sur les toits. Pour autant que nous professions foi en Jésus qui se dit Lui-même la Vérité (Jean 14.6), nous ne Le possédons pas—c’est Lui qui nous possède. C’est pourquoi il faut chercher une relation d’intimité avec Lui avant la connaissance, même la connaissance des doctrines chrétiennes. Dans cet ordre, la vie chrétienne ne risque pas de perdre sa qualité vitale, de devenir un simple exercice mental, ou dans le pire des cas, de donner lieu à des chrétiens arrogants et pédants. Si nous désirons déclarer de manière persuasive que la vision du monde fondée dans la foi chrétienne est la véritable manière de voir le monde, nous devons commencer par démontrer les vrais effets que cela génère dans une vie.
Et nous voilà finalement de retour à la subjectivité de l’expérience personnelle. Est-ce que cette histoire de vérité n’est au fond rien de plus qu’un cercle sans fin qui se réfute par ses propres arguments? Au contraire, la croissance dans la vérité est un processus qui repasse sans cesse par l’enracinement de la foi dans des faits établis, par le moyen de notre expérience. Certes, développer notre connaissance de Dieu et notre capacité à voir le monde à travers nos croyances a ses mérites. Mais ce n’est que lorsque cette connaissance affecte notre prochain qu’elle atteint réellement son but.
Considérons la vision chrétienne du monde avec ouverture et acuité d’esprit. Si nous décidons d’y adhérer, soumettons-nous-y sans réserve. Pratiquons ce que nous croyons afin que ceux qui n’ont pas la foi puissent voir ce que cela change dans une vie. Donnons-leur une raison de changer leur opinion à propos de la chrétienté. Offrons plus que des arguments, il est temps d’incarner ce que nous croyons.
Jeremy Favreau vit à Montréal avec son épouse Selene et leurs trois garçons. Formé en lettres et en théologie, il a travaillé dans le milieu des OBNL chrétiens pendant plusieurs années. Aujourd’hui, Jeremy se concentre sur les questions d’équité, de diversité et d’inclusion, et sur comment Dieu transforme intégralement les individus et les systèmes.
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