Homosexualité : mon chemin dans l’église

Écrit par Jon Mair

 

Ayant grandi dans l’église, jʼétais conscient des tensions qui existaient autour de la question de l’homosexualité. Alors quand préadolescent, j’ai commencé à me sentir attiré par les garçons, il m’a semblé que je ne pouvais en parler à personne. C’était il y a environ vingt ans, mais j’ai bien peur que les choses n’aient pas beaucoup changé dans l’église pour ceux qui luttent avec une attirance homosexuelle.

 

Un sujet tabou

Ce n’est même pas que l’homosexualité était activement condamnée par mon église ; elle était simplement passée sous silence. Du plus loin que je me souvienne, c’était un sujet tabou, comme si le fait même d’en parler était mal. Dʼailleurs, à mon époque, même en dehors de l’église on en parlait assez peu.

J’avais le sentiment que la Bible était le seul endroit où je pouvais aller chercher les réponses dont j’avais désespérément besoin. En lisant, la seule chose que je voyais était les lois du Lévitique qui condamnent la pratique homosexuelle, ainsi que la réponse de Paul aux Romains, tout aussi accablante. Les Écritures résonnaient avec ma foi, mais mes ressentis étaient en complet décalage avec ce que j’y lisais. Je me sentais perdu et confus. Je pensais être le seul chrétien à lutter avec des attirances homosexuelles.

 

Lutter en silence

Après environ huit ans, j’ai finalement ressenti le besoin de partager ce qui se passait en moi. Rempli de peurs et d’angoisses, j’ai avoué à mes parents que j’étais attiré par les garçons. Évidemment, cette confession a été difficile à entendre pour eux et ils ont immédiatement eu beaucoup de questions, auxquelles je n’avais pas les réponses. Envahi par la peur, je me suis alors rapidement refermé sur moi-même, en assurant à mes parents qu’il devait s’agir d’une simple phase qui finirait par me passer. Mais en réalité, mes luttes intérieures ont continué, aussi fortes quʼauparavant.

Il mʼa fallu encore quatre ans pour commencer à réellement m’attaquer au problème. Je n’en pouvais plus. Je réalisais que mes efforts pour me débarrasser de mon attirance pour les garçons se montraient inefficaces et que les choses ne changeaient pas. J’ai fini par demander de l’aide au pasteur du groupe de jeunes de l’église que je fréquentais à l’université. Je m’attendais à ce quʼil soit choqué, mais au lieu de cela, j’ai reçu le regard fraternel d’un ami qui était prêt à m’aider. Il s’est tenu à mes côtés, m’aidant à trouver d’autres personnes qui pouvaient m’épauler face à mes difficultés. J’ai maintenant un solide groupe de personnes vers lesquelles je peux me tourner.

 

Un chemin complexe, une bataille incessante

Faire face au problème de l’homosexualité n’est pas simple. Ceux qui y sont confrontés doivent souvent creuser dans différents domaines de leur vie pour avancer. En ce qui me concerne, j’ai dû revenir sur le sentiment de déconnexion que jʼéprouvais envers mon père dès mon plus jeune âge, sur ma difficulté à m’identifier aux autres garçons à l’école ou encore sur mes centres d’intérêt pas particulièrement « masculin », ainsi que sur dʼautres insécurités.

Face à ce combat, le chemin de chacun est différent. L’homosexualité ne rentre pas dans une case toute faite qui donnerait les causes et les solutions pour tout le monde. Le processus à mettre en place pour aider les gens à surmonter lʼinfluence de l’homosexualité dans leur vie est différent pour chacun. La bonne nouvelle, c’est qu’il existe de plus en plus de ressources concernant ce problème, accessibles à ceux qui en souffre et leur entourage, ainsi quʼaux responsables pastoraux.

Quand on parle d’homosexualité, beaucoup de personnes se posent la question des perspectives de changement. Est-il possible pour quelqu’un de changer d’orientation sexuelle ? Je connais des personnes pour qui le changement a été total, et d’autres pour qui il est seulement partiel. Je fais partie de cette deuxième catégorie. Et puis, il y a ceux qui ne voient aucun changement s’opérer. Parfois, il est difficile de trouver un sens à tout cela, mais je sais que notre Dieu est un Dieu rédempteur. J’attends avec joie le jour où je serai avec Lui au ciel, et où mes luttes prendront définitivement fin.

Le désir profond de Dieu pour chacun de nous est que nous ayons une relation d’amour avec lui. Paul parle souvent du célibat comme permettant de mieux se dévouer entièrement à Dieu (voir 1 Corinthiens 7.7-8). Même dans le récit de la création, la relation première est celle qui existe entre Dieu et son peuple. Les relations entre humains sont secondaires.

Que la personne voie son orientation sexuelle changer ou non, sa relation première doit toujours être ancrée en Dieu, car Lui seul peut réellement combler nos désirs les plus profonds. C’est en cheminant avec Dieu que nous nous découvrons nous-mêmes en Lui (en mourant à nous-mêmes) et que nous obtenons la guérison. Ce n’est qu’à cette condition que nous pouvons devenir ce que Dieu veut que nous soyons. C’est là l’objectif pour tous ceux qui viennent à Jésus. Ainsi, tout comme une personne luttant avec lʼalcoolisme peut aussi bien vivre un changement radical que ne connaitre aucun changement dans ses désirs, je crois que c’est aussi le cas pour les personnes ayant une attirance homosexuelle.

 

Que peut faire l’église ?

Souvent, l’église a encore tendance à éviter ce sujet et elle ne cherche pas activement à tendre la main à ceux qui se sentent coincés dans leur attirance pour les personnes du même sexe. Mais le besoin devient pressant dans une société qui se montre de plus en plus ouverte au style de vie homosexuel. La Bible promet une espérance à tous, alors assurons-nous que nous n’excluons pas ceux qui luttent avec leur orientation sexuelle.

Il y a de nombreuses façons d’aider. Souvent, ce ne sont pas des choses faciles à faire, mais l’effort en vaut la peine. L’une des manières dont l’église peut aider ces personnes, c’est en se montrant plus ouverte et plus impliquée dans les sujets touchant à la sexualité humaine en général, aussi bien sur le plan théologique que pratique. Nous devons parler clairement des sujets tels que le divorce, l’adultère, le sexe hors mariage et l’homosexualité. Non pas dans le but de condamner notre société, mais pour mettre en lumière les dégâts que cela peut occasionner, et pour communiquer les plans de Dieu dans le domaine de la sexualité, ainsi que son infinie capacité de rédemption en toute situation. Cela peut passer par des sermons, des séminaires, des conférences, de simples discussions, et autres. Le but est de déstigmatiser ceux qui se débattent avec ces questions pour qu’ils se sentent libres de rechercher aide et guérison au sein de leur communauté.

Une autre manière dont l’église peut faire avancer les choses, c’est en bâtissant des ponts avec la communauté homosexuelle. Il existe un long historique de rejet mutuel entre l’église et la communauté LGBT. Il nous faut regagner le droit d’être entendu. Et le meilleur moyen d’y arriver, c’est en manifestant concrètement l’amour de Jésus. Par exemple, pourquoi ne pas distribuer des bouteilles d’eau gratuitement lors d’une marche des fiertés locale, sans rien demander en retour ? Il ne s’agit pas de cautionner certaines actions, il s’agit de chercher à prendre soin dʼun autre être humain et de donner à Dieu une occasion d’œuvrer à travers nous.

On peut aussi se rendre utile en permettant à chacun de se sentir appartenir à une communauté. Trop souvent, ceux qui luttent avec leur orientation sexuelle (tout comme ceux qui sont célibataires, bien que pour d’autres raisons) ressentent un manque de communauté. L’église est souvent centrée sur les familles et les couples, ce qui tend à exclure les personnes seules. Même pour ceux qui se définissent comme homosexuels, il existe un besoin d’amitiés vraies et profondes avec des personnes du même sexe. Ce n’est pas toujours facile d’entretenir ce genre d’amitié, mais nous nous devons d’être là pour nos frères et sœurs, quelles que soient leurs difficultés.

En tant que chrétiens, nous sommes appelés à faire deux choses : aimer Dieu et aimer les autres. Notre tâche première est d’aimer Dieu. Quand nous sommes solidement ancrés dans cette réalité, aimer les autres devient plus facile. Alors, acceptons de prendre ce risque et de briser les murs de silence et d’hostilité pour que les personnes qui ont une attirance homosexuelle puissent expérimenter la grâce rédemptrice de Dieu.

© 2010 Jon Mair. Tous dorits réservés. Utilisation autorisée.