Votre nouvelle nature et votre nouvelle fonction

La conversion : transformation de l’être intérieur

Écrit par Jeremy Favreau

Lorsque vous pensez à votre conversion, pensez-vous à un événement passé, présent ou futur ?

Pendant longtemps, je croyais que ce mot se rapportait seulement à l’expérience initiale d’un individu qui plaçait sa foi en Jésus pour être sauvé. Mais ce mot a un sens beaucoup plus large et compréhensif que la description d’un événement figé de notre histoire. La conversion dans toute son essence, c’est le changement initié lorsque nous nous tournons vers Christ et qui continue de s’opérer à mesure que nous gardons nos yeux sur lui, et continuons de marcher à sa suite.

La saison de carême est une période dans l’année consacrée à la conversion. Celle de nos pensées, de nos désirs, de nos habitudes et de nos priorités. C’est un temps que nous mettons à part pour inviter le Saint-Esprit à œuvrer profondément en nous et à nous faire progresser vers une plus grande sanctification et ressemblance à Christ.

Mais pourquoi ce mot : conversion ? Considérons ce mot quand il est employé dans un autre contexte.

Vous connaissez ces anciennes maisons à multiples pièces sur 3 ou 4 étages qui coûtent un bras à chauffer pendant l’hiver ? Peu de ces demeures servent encore aujourd’hui de maison unifamiliale comme à leur origine. Ces maisons, qui servaient jadis à loger de grandes familles d’une dizaine d’enfants ou plus, ont maintenant été converties en duplex ou petits blocs à logements. Leur apparence extérieure n’a pas changé plus que ça, mais à l’intérieur c’est désormais un autre monde : de nouveaux murs ont été érigés, des pièces ont changé de fonction, et de nouvelles portes ont été installées pour satisfaire les exigences de la régie du logement. Une transformation intérieure a eu lieu.

Mais avant que cette transformation puisse prendre place, il faut que le bâtiment reçoive une « nouvelle nature », que sa raison d’être soit altérée définitivement pour servir une nouvelle fonction. Dorénavant, elle ne sera plus une maison unifamiliale servant à loger une seule famille, mais un édifice multifamilial qui servira de logement à plusieurs.

Ce changement de nature illustre bien ce qui se passe dans la vie d’un croyant quand il permet à Dieu d’opérer une « régénération » en lui. Ce mot théologique exprime l’œuvre salutaire que seul Dieu peut opérer en nous : l’acte souverain par lequel il nous fait passer de la mort à la vie. C’est ce qui produit la nouvelle naissance, et c’est ce qui fait de nous une nouvelle création. (2 Corinthiens 5.17) Ce n’est qu’une fois cette étape franchie que le travail de conversion commence.

Vivre selon la nouvelle nature que Dieu a placée en nous est un travail de chaque jour. Le Saint-Esprit est toujours prêt à nous assister, à chaque pas que nous sommes prêts à faire. Le problème, c’est que nous ne sommes pas toujours attentifs à sa voix, sensibles à ses directives, ou assez humbles pour lui obéir. Dans ces cas, le travail ne progresse pas comme il le pourrait.

Pendant le carême, nous choisissons de nous humilier, de nous priver de nos distractions et de nous mettre à l’écoute du Saint-Esprit afin de lui permettre d’œuvrer profondément en nous. Nous voulons être convertis à l’image de Christ, ce à quoi notre nouvelle nature nous appelle. Ce travail s’effectue en deux étapes : débarrasser nos êtres de ce qui reste de l’ancienne nature et le remplacer par ce qui est propre à notre nouvelle nature.

Voici une liste d’habitudes néfastes pour nos âmes qui n’ont pas de place dans notre être transformé*.

• Nier la réalité de notre souffrance, de nos blessures, de notre histoire ;
• Minimiser les difficultés auxquelles nous faisons face, ou qui affectent notre famille et nos proches ;
• Blâmer les autres pour ce dont nous sommes responsables ;
• Se blâmer soi-même pour le mal qui nous a été fait ;
• Rationaliser afin de justifier son péché ou ses mauvais comportements ;
• Généraliser et offrir des arguments intellectuels pour ce qui devrait nous toucher en plein cœur ;
 Chercher à changer de sujet lorsque nous sommes confrontés aux effets de nos actes, ou aux conséquences de notre façon d’être vis-à-vis des autres ;
• Devenir hostile quand un thème inconfortable est soulevé.

Le fait de prendre conscience de ces comportements et de s’en détourner s’apparente à la phase de démolition nécessaire dans une ancienne demeure avant que de nouveaux murs puissent être érigés. C’est un sale boulot, qui perturbe nos habitudes, et peut s’avérer déconcertant. Mais le malaise généré n’est pas censé demeurer, pas plus que l’état délabré d’une maison avec les murs arrachés. Une fois cette étape enclenchée, il faut sans tarder passer à l’étape suivante : la reconstruction.

Jésus explique ce qui se passe lors de cette étape de la transformation intérieure dans une parabole (Luc 11.21-28) : il enseigne qu’il ne suffit pas de balayer dans un coin les déchets post-démolition qui remplissent la maison de nos âmes.

Il est nécessaire de rebâtir et remeubler notre être intérieur selon sa nouvelle nature par notre obéissance à la Parole de Dieu. C’est seulement de cette manière qu’une conversion totale peut prendre place.

Nous devons dorénavant penser, parler et agir selon notre nouvelle nature, et en contraste à nos habitudes fraichement délaissées. Chaque pensée, parole et action doit être infusée des fruits de l’Esprit (Galates 5.22-23). Il ne faut plus refuser, détourner ou atténuer la vérité, mais au contraire la rechercher, la recevoir et lui permettre de nous reconstruire selon notre nouvelle identité.

Comment pouvons-nous délaisser ce qui détient de notre ancienne nature et revêtir la nouvelle nature en Christ? Ce sera le sujet des deux prochains articles de cette série. Ne les manquez pas !

*La liste qui suit est tirée de Emotionally Healthy Spirituality de Peter Scazzero, p. 141-142.

Sortez l’ancien !

• Demandez à Dieu de vous montrer ce qui, dans votre manière de vivre, provient encore de votre ancienne nature.
• Relisez la liste des habitudes néfastes listées plus haut et demandez-vous si vous essayez encore d’échapper à la réalité en ayant recours à l’une de ces habitudes.
• Demandez à vos proches s’ils perçoivent en vous l’une de ces habitudes néfastes.
• Repentez-vous de ces choses.

Faites entrer le nouveau !

• Offrez-vous à Dieu comme un sacrifice vivant (vous ne vivez plus pour vous-mêmes). Romains 12.2
• Demandez à Dieu de vous aider à être vrai et à vivre selon votre nouvelle nature.
• Mettez sur papier les anciennes habitudes que vous désirez délaisser et les nouvelles que vous désirez pratiquer à leur place.
• Remerciez le Saint-Esprit pour son aide, sans laquelle il est impossible pour vous de faire ces choses.


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