Porter les fardeaux des autres

Ecrit par Abigail Murrish

Peut-être que c’est parce que, au moment où j’écris cet article, nous sommes dans le temps du carême. Peut-être que c’est parce que l’hiver a trainé un peu plus que d’habitude cette année. Peut-être qu’en vieillissant, je vois plus aisément la souffrance qui m’entoure. Quelle qu’en soit la raison, quand je regarde en ce moment autour de moi dans ma communauté et mon quartier, je vois beaucoup de fardeaux pesants.

En tant que chrétiens, nous sommes appelés à vivre en communauté avec nos frères et sœurs et à partager leurs fardeaux. Paul écrit que nous devons réconforter ceux qui sont découragés, soutenir les faibles, être patients envers tous (1 Thessaloniciens 5.14) et nous aider les uns les autres à porter nos fardeaux, et accomplir ainsi la loi de Christ (Galates 6.2).

Malgré ces commandements clairs à prendre soin de notre famille chrétienne, l’application concrète d’une telle demande reste intimidante. Mais ces derniers temps, j’ai vraiment reçu la conviction que Dieu veut que j’aide ceux que j’aime à porter leurs fardeaux. Voici quatre façons dont j’essaie de le faire.

J’écoute leur histoire. Dietrich Bonhoeffer a écrit que le premier devoir d’un chrétien envers les autres, c’est l’écoute :

« Nous voyons encore une preuve de l’amour de Dieu pour nous en ce que, non seulement Il nous donne sa Parole, mais Il nous prête aussi son oreille. C’est donc Son œuvre que nous faisons pour notre frère quand nous apprenons à l’écouter. Les chrétiens, en particulier les pasteurs, pensent si souvent qu’ils doivent absolument contribuer à l’échange quand ils sont avec d’autres, que c’est le service le plus important qu’ils doivent rendre. Ils oublient qu’écouter peut être un plus grand service que de parler. »

Cela nous rend libres de nous approcher les uns des autres sans peur. Nous n’avons pas besoin de prévoir ce que nous allons dire, ou de craindre ce qui pourrait se passer si nous ne savons pas quoi dire. Au lieu de cela, nous pouvons simplement entendre la souffrance, les épreuves, partager le poids de l’histoire de l’autre sans essayer forcément de tout arranger.

Je pleure. Tout en écoutant nos amis, nous pouvons aussi pleurer, vivre leur tristesse avec eux. Dans le livre de Job, nous voyons ses amis qui se joignent à lui, ils déchirent leurs vêtements et pleurent à grands cris. Même s’ils font quelques erreurs théologiques ensuite dans leurs tentatives de réconfort, ils arrivent avec la bonne attitude. Quand nous approchons de celui qui est dans la peine, nous n’avons pas besoin d’avoir toutes les réponses. Nous pouvons simplement pleurer avec ceux qui sont dans la douleur et chercher comme eux à faire face au mystère de la souveraineté de Dieu dans la souffrance.

Je crée un espace d’acceptation. Quand j’étais au lycée, mes parents organisaient chaque semaine une soirée d’Ultimate Frisbee pour mes amis et moi. Je ne le savais pas, mais le père de l’un des jeunes qui venaient à ces soirées était en train de mourir d’un cancer. Des mois plus tard, son père est décédé, et lors de son enterrement, la mère de mon ami a parlé des soirées frisbee comme d’un lieu où son fils pouvait venir et s’amuser simplement avec ses amis, un peu à l’écart de la douleur qu’ils vivaient chez eux.

Parfois, le meilleur moyen de porter les fardeaux des autres, c’est de créer un espace où chacun peut venir se réfugier au milieu de la tempête. Nous pouvons servir nos frères et sœurs en créant chez nous un lieu où ils peuvent se reposer, rire et se détendre malgré leurs difficultés.

Je suis présente et j’offre mon aide. Je ne peux pas changer l’histoire de l’enfant placé en famille d’accueil que j’accompagne pour ses devoirs. Mais je peux l’aider avec ses tables de multiplication et ses problèmes de math. Je ne peux pas revenir sur un terrible diagnostic de cancer, mais je peux m’occuper des lessives de mon ami lors de cette semaine où s’enchainent les visites à l’hôpital et les examens médicaux.

L’auteur Kara Tippetts le formule ainsi :

« Être présent pour quelqu’un, c’est lui dire : « Je te vois. Ta douleur est reconnue, et même si je ne peux pas l’atténuer, je suis là et c’est ce qui compte. » »

En nous plaçant aux côtés de ceux qui sont dans l’épreuve et en leur apportant une aide pratique, nous devenons des témoins de notre Sauveur qui a vu notre souffrance et a quitté les cieux pour s’incarner et restaurer le monde par sa mort et sa résurrection.

Je suis encore en chemin pour réellement comprendre comment aider au mieux les autres à porter leurs fardeaux et je suis souvent rattrapée par mes faiblesses et mes lacunes dans ce domaine. Il m’est arrivé de dire des paroles très maladroites, quand j’aurais mieux fait de me taire. Ou d’agir par égoïsme et par orgueil. Pourtant le Seigneur, dans sa grande fidélité, utilise même le plus imparfait de mes efforts.

Mon pasteur a récemment rappelé à l’église que ce commandement de porter les fardeaux les uns des autres (Galates 6.2) implique d’assumer le poids du fardeau des autres. Une personne en sortira plus légère tandis que l’autre portera un peu plus de poids sur ses épaules. Je peux vite me sentir épuisée, dépassée et sombrer dans la déprime face aux ténèbres et à la souffrance qui remplissent ce monde. La prière, le temps partagé avec ceux de ma communauté, les chants de louange et la lecture de ma Bible deviennent des soutiens vitaux quand je décide de porter les fardeaux des autres.

Cherchez autour de vous ceux qui sont en difficulté et allez vers eux. Écoutez-les. Pleurez avec eux. Créez pour eux un espace sûr et rendez-leur service. Montrez-leur Jésus, et prenez conscience le long du chemin que vous avez vous-même grand besoin de Lui.

Abigail Murrish est auteure professionnelle et cuisinière amatrice. Elle aime l’agriculture et réunir des gens autour de sa table. Elle s’imaginait vivre dans une grande ville après ses études, mais elle est reconnaissante pour sa petite vie tranquille dans le Midwest où elle passe ses journées à lire, écrire, boire du thé et promener son chien, à s’amuser dans sa cuisine et à partager le quotidien avec son mari, ses voisins et son église. Vous pouvez lire plus d’écrits d’Abigail sur abigailmurrish.com.

Extrait du blog du site Boundless, boundless.org/blog sous le titre. © 2017 par Abigail Murrish. Utilisation autorisée.