Cultiver l’intimité au quotidien
Écrit par Dominique Ourlin
« Fais-moi la tendresse », chante Ginette Reno. Une belle expression qui nous rappelle notamment que « faire l’amour » est bien plus qu’un acte physique passager, mais que l’amour doit justement se « faire » — se construire, se façonner, se cultiver. L’amour est un paradoxe : on ne peut ni l’inventer ni le feindre, mais une fois qu’il naît, on doit le travailler, l’entretenir et le soigner.
Il est intéressant que la Bible dise que « Dieu prit l’homme et le plaça dans le jardin d’Éden pour qu’il le cultive et le garde » (Gen 1.15). Sans doute voulait-il par-là lui enseigner que toute sa vie consisterait à soigner, apprécier, chérir et honorer ce qui lui était confié, en particulier les êtres qui l’entourent.
Alors justement, comment chérir la personne qui nous accompagne dans la vie et cultiver l’intimité au quotidien dans notre couple?
Cultiver l’intimité au quotidien, c’est…
Apprendre qu’il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir (clé d’une vie – notamment sexuelle – épanouie).
Comprendre que tout est grâce – faveur imméritée – et que la question n’est pas tant de savoir si nous sommes compatibles que de décider comment nous allons vivre nos incompatibilités.
Se souvenir de reconquérir le cœur de son conjoint chaque matin et ne jamais le prendre pour acquis.
Faire l’amour. Avec quelle fréquence…? 1 fois par mois, par semaine, par jour? Je vous recommande 10 à 20 fois par jour. Les occasions ne manquent pas à qui sait les saisir…un baiser, un toucher, un clin d’œil, un geste, un élan, un service, un mot ou un silence, une attention sans autre raison que d’en faire un prétexte qui dit « Je t’aime » sans forcément le dire. Pourquoi attendre le lit alors que toute la vie nous donne mille et une occasions quotidiennes de passer à l’acte?
Ne pas attendre de l’autre qu’il comble tous mes besoins, qu’il soit Dieu pour moi, mais apprendre à dépendre humblement de la seule personne dont il est dit : « Dieu est amour ».
Se faire la tendresse, chaque jour, avec douceur et patience. Parce qu’il est rarement important d’avoir raison. D’avoir le dernier mot. C’est souvent apprendre à se taire quand on a envie de parler et à parler quand on a envie de se taire.
Apprendre à accorder le pardon et à demander pardon aussi souvent que nécessaire – c’est-à-dire très, très souvent.
Se souvenir que peu de sujets de dispute méritent le temps et l’énergie qu’ils grugent. En s’exerçant inlassablement à faire de nos différends autant d’occasions d’apprendre à mieux nous comprendre, nous écouter, nous respecter, nous adapter.
Conjuguer sa vie au moment présent, quotidien. Carpe Diem. Cueillir le moment. Faire de chaque moment, de chaque circonstance, évènement, rencontre ou conversation une occasion d’embrasser la vie, de la saisir pleinement.
Comprendre que l’amour ne s’improvise pas, ne se commande pas, ne s’exige pas. Il se choisit, se décide, s’offre, se bâtit, se construit un moment à la fois, un regard à la fois, un geste de tendresse à la fois, un pardon à la fois, un merci à la fois, une étreinte à la fois, un jour à la fois, une nuit à la fois. Une dispute à la fois.
Apprendre à s’accepter mutuellement tel que nous sommes, avec notre histoire et nos histoires, notre passé souvent cassé, nos qualités et leurs défauts, nos aspirations et nos frustrations, nos rêves et nos cauchemars, nos craintes, nos folies et nos phobies. Le mariage, c’est l’école de l’amour – avec son programme permanent de remise à niveau.
S’appliquer à cultiver un climat dans lequel l’autre peut s’épanouir, s’exprimer, grandir, être sans devoir paraître.
Ne jamais oublier que nous sommes deux êtres blessés, fragiles, vulnérables qui veulent apprendre ensemble à se redresser, à vivre vrais, à vivre libres, à vivre entiers.
Accepter nos limites et nos lacunes qui nous rappellent que nous ne pouvons nous passer du pardon et de la patience des autres.
Comprendre que l’intimité, ça s’apprend au fil du temps. Il y a plus de plaisir et de jouissance dans le secret de deux cœurs et des corps qui apprennent à s’accueillir nus face au miroir qu’ils sont l’un pour l’autre. Le plaisir sexuel est un don de Dieu qui nous donne un avant-goût de ce qu’il veut que nous goûtions dans notre relation avec notre conjoint et avec lui.
Se rappeler qu’il y a plus d’épanouissement et de plénitude de vie dans un couple qui aborde chaque nouveau jour déterminé à être fidèle à son alliance que dans n’importe quelle infidélité ou fantasme artificiel que ce monde peut nous faire miroiter.
C’est puiser l’amour à sa source pure : Dieu lui-même en Jésus-Christ qui l’a incarné comme nul autre.
C’est ne pas se regarder constamment dans le blanc des yeux – au risque d’une collision frontale – ni trop se regarder le nombril – au risque d’une hernie discale – mais plutôt « regarder ensemble dans la même direction ».
Dominique Ourlin est pasteur au Québec depuis plus de 15 ans, avec son épouse Candy. Il est auteur de deux livres disponibles sur painsurleseaux.com.
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