Discipliner ses enfants sans les rabaisser

Il se peut que, sans nous en apercevoir, nous utilisions la honte comme outil de discipline

Écrit par le Dr Kelly Flanagan

Quinn devait avoir quatre ans quand il a frappé sa sœur de deux ans en plein visage.

Je l’ai amené dans sa chambre, j’ai fermé la porte derrière moi et me suis agenouillé pour être à son niveau. La colère dans mon regard se reflétait dans ses yeux. Je voulais lui demander : « Qu’est-ce qui ne va pas chez toi ? » et répondre à ma propre question par une remarque cinglante comme : « Tu es un méchant garçon. »

En d’autres termes, je voulais qu’il ressente de la honte.

La honte est un message que nous recevons de notre entourage, affirmant que nous sommes mauvais, incorrigibles ou bons à rien. La honte est différente de la culpabilité. Un sentiment de culpabilité qui n’a pas été produit par quelqu’un d’autre peut être une émotion très saine, qui est là pour nous indiquer que nous avons fait quelque chose de mal. La honte est une émotion malsaine qui envahit notre âme pour nous dire que nous sommes mauvais. La culpabilité peut nous aider à corriger notre trajectoire alors que la honte nous condamne en tant que personne.

En tant que parent, il est tentant d’utiliser la honte comme outil de discipline. Pourquoi ? Parce que ça fonctionne.

La honte est un sentiment tellement douloureux qu’un enfant fera tout pour éviter de la ressentir à nouveau. Il voudra changer tout comportement ou niveau de performance afin d’éviter d’être condamné pour qui il est. À court terme, la honte est donc un outil très efficace pour changer un comportement.

Cependant, avec le temps, ce sentiment forge l’âme de l’enfant de manière particulièrement négative.

Fort heureusement, il y a une alternative : se réjouir de ses enfants.

Des célébrations inattendues

Il était une fois un fils prodigue qui avait bien mal agi (Luc 15.11-32). Il demanda l’héritage qui lui était dû lorsque son père mourrait. Après l’avoir reçu, il s’en alla et dilapida sa fortune dans la débauche. Un jour, il se réveilla au milieu des cochons, sale et affamé. Il revint à la raison et décida de rentrer chez son père, la tête basse, espérant y obtenir un travail.

Le père scrutait chaque jour l’horizon du regard, cherchant son fils rebelle. Puis un jour, il l’aperçut au loin. Avec joie, il souleva sa tunique pour courir à sa rencontre, le prendre dans ses bras et célébrer son retour. Un père qui se réjouit de son enfant sait que son fil a mal agi, mais qu’il n’en perd pas sa valeur pour autant.

Bien que, à genoux devant Quinn, j’étais tenté de lui faire honte, ce jour-là, j’ai marqué un point en tant que père : je ne l’ai pas couvert de honte. Au lieu de cela, j’ai choisi de l’apprécier pour qui il était. Je lui ai dit : « Quinn, je sais que tu aimes ta sœur, et je sais que tu as un cœur tendre. Peux-tu essayer de lui demander pardon ? Quand tu seras prêt à le faire, tu pourras sortir de ta chambre. »

Quelques minutes se sont écoulées, puis une demi-heure. Puis une heure. La porte de la chambre s’est entrouverte et Quinn est sorti avec quelque chose à la main. Il avait passé une heure à fabriquer une carte d’excuse pour sa petite sœur. Elle était magnifique. En exprimant mon appréciation pour ce qu’il y avait de bon en mon fils, je l’avais aidé à le voir aussi lui-même. Ainsi, ayant conscience de sa propre valeur, il avait pu prendre la bonne décision.

Soyez des parents qui se délectent de leurs enfants

Que peut-on apprendre de ce père qui court en relevant sa tunique sur la manière de discipliner nos enfants ? Ce père, qui représente Dieu le Père, nous enseigne à être des parents qui prennent grand plaisir en nos enfants plutôt que de les rabaisser. Cette histoire nous enseigne trois éléments clés pour nous délecter de nos enfants :

Leur prêter attention

Nous devons toujours scruter l’horizon à la recherche de nos enfants. Lorsque leur comportement n’a rien de réjouissant, nous devons bien sûr appliquer des conséquences, mais attention à ce que celles-ci soient ancrées dans ce que nous savons être appréciable concernant leur cœur. Pour cela, il nous faut réellement passer du temps à les observer. Cela signifie mettre de côté nos téléphones et nos ambitions et faire l’effort de réellement voir nos enfants. Cela demande un investissement à long terme.

Les prendre dans les bras

Un câlin est empreint de douceur. Il renvoie un message contraire à celui empreint de honte : « Même quand ton comportement est mauvais, tu seras toujours aimé dans ces bras. Tu feras peut-être des erreurs, mais tu n’es pas une erreur et tu seras toujours le bienvenu. » Nous pouvons faire ressentir ce message à nos enfants par nos gestes, nos paroles et l’attention que nous leurs portons.

Les célébrer

Quand le fils prodigue est rentré, son père a organisé une fête pour lui. Il a mis du temps à part pour se réjouir de son fils désobéissant. Ne nous attendons toutefois pas à pouvoir nous réjouir quand nous sommes sous le coup de la colère. Il est important de mettre régulièrement du temps à part pour nous rassembler en famille, pour offrir à nos enfants notre pleine attention et prendre le temps de nous délecter de leur personne.

Quinn a maintenant dix ans. Hier soir, au moment du repas, son grand frère a accidentellement déchiré une page de son livre préféré. Pendant quelques minutes, je l’ai vu se battre avec les sentiments de tristesse et de fureur qui montaient en lui. Puis soudain, la vérité sur son identité a pris le dessus. Il a demandé à son frère de réparer son livre, puis, se tournant vers le reste de la famille, il nous a invités à parler de quelque chose de plus réjouissant, me demandant comment s’était passée ma journée.

Je l’ai regardé, le cœur rempli de joie.

Kelly Flanagan est docteur en psychologie et co-fondateur de la clinique Artisan Clinical Associates à Naperville, dans l’Illinois, aux États-Unis. Kelly a épousé une docteure en psychologie qui s’appelle elle aussi Kelly. Ensemble, ils ont trois enfants.

© 2020 Focus on the Family. Tous droits réservés. Utilisation autorisée. Écrit par le Dr Kelly Flanagan. Publié initialement en anglais sur FocusOnTheFamily.com.