Une foi meurtrie

Écrit par Ruth Márquez West

Lorsque mes enfants étaient tous petits, Natalie et Joe se réjouissaient de prier avec leur papa ou avec moi, à l’heure du dodo. Quand je suis devenue maman célibataire, j’ai dû relever le défi de les encourager à tenir bon dans leur foi, alors que leur prière la plus importante semblait n’avoir pas été entendue.

Mes enfants m’ont laissé les ramener vers ce temps de prière après que j’ai appris à les écouter sans constamment chercher à corriger leurs paroles pour qu’elles soient « bien chrétiennes ». Au lieu d’essayer de leur donner l’impression que j’étais forte et parfaitement prête à pardonner, j’ai exprimé auprès d’eux certaines de mes propres difficultés dans la prière. J’ai aussi appris l’importance d’être vulnérable, en leur montrant que je m’appuyais sur Dieu par la prière. Dieu a utilisé cette vulnérabilité pour renforcer mon rôle de modèle.

Ensemble, mes enfants et moi avons combiné notre temps de prière avec notre besoin d’exprimer nos sentiments. Pendant nos dévotions familiales, je leur demandais de compléter des phrases comme « Une chose qui me rend triste, c’est ____________ ». Puis pour compenser, ils devaient compléter la phrase suivante : « Une chose qui me réjouit, c’est ____________ ». En verbalisant ce qui se trouvait dans le cœur, mes enfants ont pu reconnaître leurs douleurs, comme leurs bénédictions. Ils ont appris à prier avec honnêteté et espérance, tout en ouvrant leur cœur à la reconnaissance.

J’ai assuré à mes enfants que Dieu les aimerait et les chérirait toujours. Pour leur rappeler combien chacun d’eux est spécial aux yeux de Dieu (et à mes yeux), nous avons institué « la journée Nathalie » et « la journée Joe ». Attendues chaque mois avec impatience, ces petites célébrations étaient l’occasion d’honorer chacun d’eux, le même jour du mois que leur date d’anniversaire. Natalie et Joe aimaient tellement ces journées qu’ils les encerclaient sur le calendrier pour que je ne les oublie pas ! Comprendre leur valeur aux yeux de Dieu a encouragé mes enfants à se tourner vers Lui dans la prière.

Au début de chaque année, on se rappelait les étapes marquantes de notre vie par la tradition des « 12 pierres » (Josué 4.1-8). On choisissait douze pierres dans notre cour et on les alignait. À l’aide de nos calendriers et de nos journaux de prière, chacun de nous dressait une liste des façons dont nous avions vu Dieu à l’œuvre dans nos vies au cours des douze derniers mois. Le visage de mes enfants s’illuminait chaque fois que l’on prenait une pierre et que l’on partageait nos souvenirs, en nous remémorant comment Dieu avait répondu à nos prières et nous avait guidés au cours de l’année.

Quand j’y repense, je me rends compte à quel point j’ai été privilégiée d’avoir pu être témoin du fait que des enfants ayant une foi meurtrie par le divorce puissent accueillir la prière avant même d’en saisir toute l’essence. Par la créativité, la vulnérabilité et la fidélité, les parents peuvent nourrir la foi de leurs enfants — en cultivant des cœurs façonnés par la prière plutôt que par l’amertume.

Cet article a été publié dans le numéro d’été 2012 du magazine Thriving Family. Tous droits réservés © 2012 par Ruth Márquez West. Utilisation autorisée.